REVUE CNP Entreprendre Plus AVRIL 2021 – La Réinsertion Sociale des Militaires Une priorité de partenariat public/privé

La Réinsertion Sociale des Militaires
Une priorité de partenariat public/privé

 

« Notre mission est de promouvoir l’esprit d’entreprise et contribuer au développement socio-économique … »

Général de Brigade Mamadou GAYE
Directeur Général
Agence pour la Réinsertion Sociale des Militaires – ARSM

Dans le continuum des mutations induites par leur montée en puissance, les Armées ont inscrit la reconversion et la réinsertion au cœur de la politique de gestion des ressources humaines. En effet, la création de l’Agence pour la Réinsertion sociale des Militaires (ARSM) en 2005 a été un tournant décisif de la politique de gestion des flux sortants des Armées, marqué paradoxalement par le rétrécissement du marché de l’emploi et un contexte socio-économique particulièrement rude.

Sa création relève ainsi d’une vision, on ne peut plus généreuse, dont les principaux objectifs sont :
proposer une autre carrière professionnelle aux invalides, aux retraités jeunes et aux libérés du contingent qui reviennent sur le marché du travail ;
travailler de manière à limiter les risques sécuritaires et la précarité liés à leur démobilisation ;
promouvoir l’esprit d’entreprise chez les militaires et les inciter à contribuer au développement économique national, parallèlement à leur mission de défense.

L’ARSM, une source de motivation et d’attractivité des Armées

Conçue à la fois comme un idéal et un devoir des armées vis-à-vis de soldats du contingent ou de personnels de carrière qui les avaient servies, la reconversion constitue en réalité une source sure de motivation et d’attractivité des Armées. L’agence est un projet social de haute portée qui pourrait révéler de nouvelles vocations dans une seconde partie de vie ou de carrière. En effet, il s’agira de préparer et réussir la seconde carrière de chaque élément de la cible, c’est à dire préparer et accompagner les militaires pour une transition réussie du service actif vers la retraite. A cet effet, l’agence a procédé à la formation et au placement de 2.025 anciens militaires dont 102 officiers, 199 sous-officiers dont quatre supérieurs formés en conseillers de reconversion à l’Agence pour la Reconversion de la Défense (ARD) en France, et d’un millier de militaires du rang dans des filières à haut potentiel de main d’œuvre.

Une politique d’inclusion qui s’appuie sur une diversification des activités de réinsertion

Les principales activités concernent les exploitations et les actions de formation notamment dans les filières d’agriculture, d’élevage, de boulangerie / pâtisserie, de sécurité portuaire et aéroportuaire, de mécanique et diagnostic automobile, des métiers des assurances, etc. En outre, 1.200 anciens militaires ont été placés auprès de structures privées. Par ailleurs, le programme en cours pour la période 2018-2022 permet d’espérer une évolution positive avec les nouveaux métiers du pétrole et du gaz, notamment dans le cadre du « local containt ». Dans le même ordre d’idées, la création prochaine par l’ARSM d’un centre polyvalent de formation professionnelle et d’apprentissage (CPFFA) permettra d’explorer de nouvelles filières de formation en adéquation avec les besoins du marché de l’emploi. De plus, un important programme de formation et de capacitation est régulièrement organisé au profit des officiers et sous-officiers retraités dans les techniques de management et d’entreprenariat, en liaison avec des cabinets spécialisés.

Au plan de ses activités agricoles, 1097 ha de terres ont été emblavées en 2019 dont 937 par la cible, dans différentes spéculations, soit 15 groupements et associations de militaires constitués. De même, dans le domaine de l’élevage, notamment dans ses fermes de Sangalkam et Ndialakhar, l’ARSM compte une centaine de têtes de vaches de race Holstein et Montbéliarde ainsi que trois batteries avicoles pour la production d’œufs de consommation, et deux poulaillers au sol, soit une population de 25 000 sujets. Concernant la pisciculture, 3 étangs sur les 10 réalisés sont actifs, soit 5400m² de bassin peuplés d’alevins de type Thylapias et Clarias, en phase de grossissement, à Ndialakhar. Aujourd’hui, l’ARSM se réjouit d’un bilan très satisfaisant marqué par plusieurs exemples de réussite individuelle et collective de sa cible notamment dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage et de l’entreprenariat.

La formation, pilier central du dispositif de reconversion

La reconversion professionnelle des militaires est l’enjeu des armées modernes dans le cadre de la lutte contre la précarité, notamment dans les foyers de retraités. En effet, la fonction reconversion est un pilier incontournable de la politique de ressources humaines, car la bonne gestion d’une armée de professionnels suppose que soit activé un système performant de reconversion assorti d’un dispositif de formation professionnelle permettant une transition réussie vers la vie civile.

Des lors, la formation de cette cible constitue le centre de gravité de la mission de l’ARSM. Les principales formations régulièrement organisées sont les suivantes :
trois sessions par an de formation de qualification à un emploi (FQE) au profit des militaires du rang;
une session annuelle de formation en création d’entreprises au profit des sous-officiers, avec le Cabinet Activ’Consult ;
un séminaire de reconversion en gestion des entreprises, au profit des officiers, avec le Cabinet « Institut africain de développement (IADEP) » ;
des formations périodiques de capacitation comme celle récente en évaluation des structures.

La formation exige de disposer d’un cadre approprié qui serait le principal réceptacle des actions de formation envisagées. C’est pourquoi, la création du centre de formation de l’ARSM reste une priorité pour, in fine, disposer de personnels employables dans tous les secteurs possibles de réinsertion. Dans ce cadre, l’ARSM s’est vu confié la formation en agriculture, élevage et récemment en boulangerie/pâtisserie, secteurs à fort potentiel de main d’œuvre.

En perspective, l’ARSM s’est inscrite dans une dynamique de poursuivre son projet de développement intégré dénommé « Projet de réinsertion des anciens militaires » qui s’articule autour des activités majeures suivantes :
poursuite de la recherche d’assiettes foncières pour appuyer la dynamique de réinsertion de proximité de la cible disséminée à travers le territoire national ;
recherche de moyens financiers importants pour la réalisation d’équipements modernes : matériels de terrassement, matériels agricoles, animaux et matériels d’élevage, équipements d’irrigation et infrastructures d’exploitation auprès des partenaires techniques et financiers publics ou privés ;
valorisation des produits tirés des exploitations comme le lait, l’arachide, le poisson, les céréales, les fruits et légumes, etc. par la transformation ; ce qui participerait à la réduction des pertes des denrées périssables, à la promotion des produits des fermes et à l’optimisation de la valeur ajoutée ;
sensibilisation et remobilisation de la cible pour le renforcement de l’initiative à l’entreprenariat ;

Auto-entrepreneuriat et attentes par rapport au milieu des affaires

Conformément à sa vision stratégique, la mission de l’ARSM est articulée autour de la réinsertion articulée autour de trois axes d’intervention suivants : la réinsertion par la voie des concours, par l’intermédiation et le placement et par l’appui à l’auto-emploi (entreprenariat). Dans ce cadre, bon nombre d’officiers et de sous-officiers arrivant au terme de leur carrière militaire veulent créer une entreprise individuelle.

Pour être compétitifs tout en demeurant pérennes dans le rude milieu des affaires, ces autoentrepreneurs ont essentiellement besoin d’accompagnement pour :
le développement des activités et chiffres d’affaires de leurs entreprises individuelles ;
pallier les difficultés qu’ils rencontrent sur le plan commercial ;
bénéficier de financements de leurs projets.

La contrainte majeure de l’auto-entreprenariat réside dans l’accès au financement très souvent contraint par l’âge relativement élevé des intéressés ainsi que les lourdeurs administratives. Cette situation les conduit très souvent à des initiatives individuelles de recherche de financement aux succès limités.

Il serait donc souhaitable de faire bénéficier à cette cible des facilités de financement flexibles et accessibles.

La Réinsertion Sociale des Militaires
Une dynamique de coopération
CNP – ARSM à renforcer

« Le CNP est membre du Conseil
de Surveillance de l’ARSM … La devise de notre Armée Nationale On nous tue mais on ne nous déshonore pas ne peut laisser indifférents tout Patriote et Citoyen Sénégalais…»

M. Meïssa FALL
Président Commission CNP
« Dialogue Social & Normes du Travail »
Directeur Général SORARAF

Les entrepreneurs sont des Républicains et ont toujours été fiers des lettres de noblesse de notre Armée Nationale. Votre devise : « On nous tue mais on ne nous déshonore pas » ne peut laisser indifférent tout Patriote et Citoyen Sénégalais.

Vous accomplissez une noble mission qui consiste à :
assurer la défense nationale en tous temps, en toutes circonstances et contre toutes les formes d’agression ;
garantir la sécurité et l’intégrité du territoire nationale ;
veiller à toute agression extérieure contre notre population.

Et il est bon de souligner que :
1. L’Entreprise doit Honneur et Respect aux invalides et mutilés militaires.
2. La réinsertion sociale des militaires, notamment les invalides et mutilés militaires dans les entreprises permet de traduire notre devise de la République (Un Peuple, Un But, Une Foi) en actes concrets de solidarité et d’unité nationales des entrepreneurs.

Il y a quelques années, nous avions sensibilisé les directeurs de ressources humaines de nos entreprises d’identifier les postes de travail à pourvoir, ainsi que d’évaluer et de recruter les candidats à un emploi. Cette action devra être renouvelée et intensifiée en partenariat avec l’ARSM.

Bien entendu, nous aurons besoin d’informations portant sur le nombre d’invalides et de mutilés militaires pouvant être réinsérés, les profils et niveaux de qualifications professionnelles, ainsi que les besoins en renforcement des capacités professionnelles qu’ils soient opérationnels dès l’embauche.

Nous savons qu’il existe déjà des niches de réinsertion dans certains secteurs d’activités, notamment, les Tic, la sécurité par vidéosurveillance, la maintenance électronique, etc. Mais il est indispensable aussi que l’Etat s’engage aux côtés des entreprises citoyennes en mettant en place des mesures d’accompagnement sociales et fiscales favorisant leur insertion.

Dans de nombreux pays où cette problématique se pose, des exonérations de charges sociales et fiscales sont octroyées aux entreprises. Cette réflexion bien entendue, nous pourrons la mener ensemble en concertation avec les départements ministériels concernés.

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